Essai Harley-Davidson Pan-America 1250 Special : l’OVNI venu de l’ouest
Au début du 20e siècle, les motos ont succédé aux chevaux pour tracer des voies à travers les terrains sauvages des États-Unis. Robustes et plus confortables, elles sont rapidement devenues un moyen de locomotion privilégié. Harley-Davidson, forte de son héritage en compétition et en production militaire, poursuit cette tradition avec la Pan-America 1250 Special. Unique modèle de trail de la marque, la baroudeuse surprend, interroge, suscite la curiosité. Mais mérite-t-elle vraiment toute cette méfiance ?
Découverte de la Harley-Davidson Pan-America 1250 Special
Design et ergonomie
Au premier regard, la Pan America 1250 Special peut surprendre : elle réinterprète à sa manière les codes esthétiques traditionnels de Harley-Davidson avec une petite touche de modernité. Son design audacieux à contre-courant peut rebuter les nouveaux pilotes, mais peut-être pas les puristes et les Harleyistes.
Immédiatement reconnaissable, le phare avant, surnommé “nez de requin”, est équipé de 30 LED Daymaker et d’un éclairage adaptatif supplémentaire offrant une signature lumineuse impressionnante. L’imposant réservoir en aluminium de 21,2 litres, avec ses lignes nettes et son design presque sculptural, est un hommage visuel à l’héritage Harley. Les échappements double collecteur ajoutent une dimension esthétique au design général de la moto, se terminant par un silencieux sobre mais efficace.
La selle ergonomique, spacieuse et bien conçue, garantit le confort du pilote et du passager. Le siège passager est rehaussé, offrant une vue dégagée, et s’équipe de poignées de maintien robustes, formant également un porte-bagages intégré. La capacité de chargement est aussi un atout, avec des options de valises et top case pour emporter tout le nécessaire lors de vos aventures. Chaque élément de bagagerie peut transporter jusqu’à 10 kilos, offrant une grande capacité pour les voyages au long cours.
Le châssis en treillis tubulaire en aluminium assure une distribution équilibrée du poids. Les barres de protection latérales et la plaque de protection en aluminium ajoutent une couche de sécurité supplémentaire, protégeant les composants vitaux de la moto en cas de chute.
Motorisation et performances
La Pan America 1250 Special est animée par le moteur Revolution Max, un bicylindre en V de 1 252 cm³, refroidi par liquide. Ce moteur révolutionnaire, pour Harley-Davidson, dispose d’un double balancier d’équilibrage et d’un calage variable des soupapes, produisant 150 chevaux à 8 750 tr/min et 128 Nm de couple à 6 750 tr/min. Ces chiffres placent la Pan America en compétition directe avec les leaders du segment des maxi-trails sportifs, tels que la Ducati Multistrada V4 S et la KTM 1290 Super Adventure. Le système ride-by-wire offre une réponse de l’accélérateur fluide et précise, influençant également le frein moteur et le contrôle de traction, en fonction des sept modes disponibles.
Partie-cycle et freinage
La Pan America repose sur un châssis hybride innovant. La partie avant, intégrant la colonne de direction, est composée d’un treillis en aluminium soudé, relié à des platines forgées. Cette structure supporte le moteur Revolution Max comme élément porteur. La géométrie du cadre, avec un angle de colonne de 25°, une chasse de 108 mm et un empattement de 1 580 mm, confère à la Pan America une agilité remarquable tout en maintenant une excellente stabilité. Son poids de 258 kg est bien réparti, garantissant une maniabilité et une sécurité optimales.
La suspension avant est confiée à une fourche inversée Showa de 47 mm, entièrement réglable, et un amortisseur arrière Showa à réservoir séparé, monté sur biellettes. Ces éléments sont contrôlés électroniquement pour un ajustement semi-actif basé sur le mode de pilotage choisi.
L’amortisseur arrière est ajustable automatiquement en fonction du poids embarqué, grâce au système de contrôle de chargement. Les débattements de suspension de 190 mm assurent une absorption optimale des irrégularités du terrain. L’amortisseur de direction monté sur la version Special améliore encore la stabilité de la moto.
Le système de freinage avant est assuré par des étriers monobloc Brembo à montage radial, mordant des disques de 320 mm. À l’arrière, un étrier simple piston freine un disque de 258 mm. Les jantes en aluminium à cinq branches ou les roues tubeless à rayons (option de 500 €) de 19 pouces à l’avant et 17 pouces à l’arrière sont chaussées de pneus Michelin Scorcher Adventure, assurant une excellente adhérence sur tous les types de terrain.
Technologies et instrumentation
La centrale inertielle gère une multitude de paramètres, influençant la réponse de l’accélérateur, le frein moteur, l’ABS et le contrôle de traction, ainsi que les suspensions semi-actives. Exploitant les données de l’IMU, le phare adaptatif Advanced Daymaker ajuste automatiquement l’éclairage en fonction de l’angle d’inclinaison (8, 15 et 23 degrés). Trois LED additionnelles de chaque côté augmentent graduellement leur puissance, offrant une visibilité optimale dans les virages.
L’instrumentation de la Pan America est à la hauteur de ses ambitions. Un écran TFT couleur de 6,8 pouces, entièrement configurable, offre une interface claire et intuitive. Il affiche toutes les informations essentielles, des modes de conduite aux statistiques de voyage, en passant par la navigation GPS et la connectivité Bluetooth. Les commandes au guidon sont ergonomiques et intuitives, permettant de naviguer facilement dans les menus sans lâcher les mains du guidon.
Essai de la Harley-Davidson Pan-America 1250 Special
Prise en main
Présentations faites, il est temps de chevaucher la bête. Bien que l’accueil soit agréable, l’assise est relativement haute : 875 mm. Autant dire que les petits gabarits ne sont pas les mieux lotis. Toutefois, grâce à des encoches sur une platine adossée au réservoir, la hauteur de la selle peut être ajustée facilement, offrant des positions de 875 et 850 mm. Harley-Davidson pousse encore plus loin : le système Automatic Ride Height (ARH) permet d’abaisser la moto jusqu’à 3 cm lors de la mise du contact, en réduisant la précharge avant de monter en selle. En option, il faudra tout de même débourser 660 €.
Petit coup d’œil à l’interface utilisateur de la Pan-America 1250 Special qui vient de s’activer. L’écran TFT de 6,8 pouces tactile regroupe un ensemble complet d’informations et d’assistances, allant du mode de pilotage au tachymètre, en passant par la jauge de carburant et l’indicateur de rapport engagé. Malgré la forte luminosité, aucun reflet. Un bon point. L’écran peut même s’incliner au besoin. Rapide navigation dans les menus. C’est assez fluide mais l’ergonomie pourrait être encore améliorée pour un accès plus intuitif aux fonctionnalités essentielles. Le changement des modes de pilotage est rapide et ajuste tous les paramètres en moins de deux secondes. Les modes inutilisés peuvent être désactivés pour simplifier l’interface, et une prise USB-C est disponible pour recharger vos appareils. Ah ! Enfin. La connectivité Bluetooth. Le temps d’appairer le smartphone et en route !
En ville
Plutôt agile et équilibrée, cette bête de 258 kg. Le bicylindre Revolution Max offre une sonorité grave et métallique, très plaisante en conduite urbaine. L’injection électronique et les systèmes d’assistance offrent une conduite douce et réactive, même à bas régime. Le poids et le volume de la moto sont conséquents, mais la répartition des masses et la géométrie rendent son pilotage relativement intuitif. Les rétroviseurs offrent un champ de vision large, sans vibrations. La boîte de vitesses ainsi que l’embrayage fonctionnent avec une douceur remarquable. La Pan-America 1250 Special se montre très docile en ville, mais il est évident qu’elle aspire à de plus grands espaces. Il est temps de prendre la clé des champs.
Sur route
Première grosse accélération et la Pan-America dévoile une dynamique plutôt impressionnante. Le Revolution Max est pleinement disponible dès 4 000 tours et offre un couple généreux au-delà de 6 000. L’injection est précise, l’accélérateur réactif. Un vrai bonheur. On regrettera cependant l’absence de shifter.
Elle est facile à emmener, même à un rythme soutenu. À l’approche de virages, les freins radiaux, aidés par une électronique performante, sont efficaces, avec une réponse rapide et précise. Les courbes sont parfaitement gérées. Le frein moteur ajoute une couche de contrôle supplémentaire. La moto reste stable et prévisible en toutes circonstances. Les différents modes de pilotages offrent une personnalisation plus poussée, ajustant les paramètres de traction et de suspension pour s’adapter aux conditions de roulage. En mode Sport, tout le caractère routier tempétueux de Pan-America se révèle.
Off-road
Avant l’autoroute, direction les chemins de traverse, au milieu des vignes. Enclenchement du mode Off-Road Plus. L’anti-patinage et l’ABS se désactivent. En position debout, les repose-pieds sont parfaitement positionnés, les jambes bien calées autour du réservoir étroit. Le guidon haut offre un contrôle optimal du train avant. Le jeu peut commencer.
La précision de l’injection, combinée à la réponse immédiate de l’accélérateur, offre une maîtrise totale, même sur les surfaces les plus glissantes. Cette moto brille par son équilibre naturel, rendant les manœuvres lentes et les virages serrés moins intimidants. Un bon point pour les pilotes moins expérimentés.
Les suspensions adaptatives absorbent efficacement les chocs et les irrégularités du sol. Le cadre rigide et la robustesse générale de la Pan-America inspirent confiance, permettant d’aborder des sections techniques avec sérénité. Bien que son poids et sa hauteur puissent poser problème dans des situations extrêmes, pour les pilotes chevronnés, elle offre de réelles capacités de franchissement. Le plaisir est là.
Sur autoroute
Après un petite escapade plaisir hors des sentiers battus, retour à la civilisation pour un bon coup de gaz sur l’autoroute. La puissance du moteur est déployée avec une facilité déconcertante. 230 km/h au compteur, sans broncher. À haut régime, quelques vibrations se font sentir mais restent parfaitement acceptables.
Retour au légal. Le moteur tourne à mi-régime, parfait pour enclencher le régulateur et se laisser porter pendant quelques kilomètres. Petit bémol : même en position haute, la bulle laisse passer pas mal d’air sur le casque. Mais le reste du corps est relativement bien protégé. Cela étant dit, la conduite sur autoroute est stable, confortable et agréable.
Essai Harley-Davidson Pan-America 1250 Special : Verdict
La Harley-Davidson Pan-America 1250 Special est une invitation à l’aventure, une machine qui allie tradition et modernité avec brio. Robuste, polyvalente, dynamique, que ce soit en ville, sur routes ouvertes ou en tout-terrain, elle se montre à la hauteur des attentes des aventuriers modernes. Certes peu séduisante au premier abord, mais c’est une machine aboutie qu’il est impossible de ne pas essayer au moins une fois sa vie.
Avec un prix de départ correct (18 290 €) et des options variées pour personnaliser la machine, la Pan-America 1250 Special se positionne comme une alternative sérieuse face à des concurrentes comme la KTM 1290 Super Adventure, affichée à partir de 18 599 € ou la Suzuki V-Strom 1050 XT (14 599 €).